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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 23:50

 PAULO COELHO, Maktub, 1994.


 

TRADUIT DU PORTUGAIS (BRÉSIL)

PAR FRANÇOISE MARCHAND-SAUVAGNARGUES

 

Note de l’auteur

  «  Vivre, c’est courir des risques »

 

 «  Lentement, j’appris à écrire de façon objective et directe. Je fus obligé de relire des textes dont j’avais toujours reporté une nouvelle lecture, et le plaisir de ces retrouvailles fut immense. Je me mis à noter plus soigneusement les propos de mon maître. Enfin, je trouvai peu à peu dans tout ce qui se passait autour de moi une raison d’écrire Maktub, et cela m’enrichit à tel point qu’aujourd’hui je ne regrette pas cette tâche quotidienne. »

 

LE MAITRE DIT :

« Lorsque nous sentons qu’est venue l’heure du changement, nous nous repassons inconsciemment le film de tous les échecs que nous avons connus jusque-là.

« Et, bien sûr, à mesure que nous vieillissons, la part des moments difficiles l’emporte. Mais, en même temps, l’expérience nous a donné les moyens de surmonter ces échecs et de trouver le chemin qui nous permet d’aller plus loin. Il nous faut aussi insérer cette cassette-ci dans notre magnétoscope mental.

« Si nous ne regardons que le film de nos échecs, nous resterons paralysés. Si nous ne regardons que le film de notre expérience, nous finirons par nous croire plus sages que nous ne le sommes en réalité. »

« Nous avons besoin des deux cassettes. »

UN ETRANGER se rendit au monastère de Sceta et demanda à rencontrer le père supérieur.

«Je veux rendre ma vie meilleure, déclara-t-il, mais je ne peux m’empêcher d’avoir des pensées coupables. »

Le père supérieur remarqua que dehors le vent soufflait très fort, et il dit au visiteur :

« Il fait très chaud ici. Pourriez-vous attraper un peu de vent dehors et le faire entrer dans la pièce pour la rafraîchir ?

— C’est impossible.

— De la même manière, il est impossible de ne pas avoir de pensées qui offensent Dieu, répondit l’abbé. Mais si vous savez dire non à la tentation, elles ne vous feront aucun mal. »

 

 

 « Si les arts divinatoires permettaient de prédire l’avenir, tous les devins seraient riches, mariés et heureux. »

 

 

« UN HOMME se promenait dans une vallée des Pyrénées lorsqu’il rencontra un vieux berger. Il lui proposa de partager son repas, puis il resta un long moment en sa compagnie, et ils parlèrent de la vie.

L’homme affirmait que celui qui croyait en Dieu devait reconnaître qu’il n’était pas libre, puisque Dieu gouvernait chacun de ses pas.

Alors, le berger l’entraîna jusqu’à un défilé où l’on entendait très nettement les sons que renvoyait l’écho.

« La vie, ce sont ces parois, et le destin est le cri que pousse chacun de nous, expliqua le berger. Tout ce que nous faisons est porté jusqu’à Son cœur, et nous sera rendu de la même manière. »

« Dieu agit comme l’écho de nos actes. »

«  MAKTUB signifie « c’est écrit ». Pour les Arabes, « c’est écrit » n’est pas une bonne traduction, car, bien que tout soit déjà écrit, Dieu est miséricordieux et Il n’use Son stylo et Son encre que pour nous venir en aide. »

 

 

LE DISCIPLE dit à son maître :

« J’ai passé une grande partie de la journée à penser à des choses auxquelles je ne devrais pas penser, à désirer des choses que je ne devrais pas désirer, à caresser des projets que je ne devrais pas caresser. »

Le maître proposa à son disciple une promenade dans la forêt derrière chez lui. En chemin, il lui désigna du doigt une plante et lui demanda s’il en connaissait le nom.

«La belladone, répondit le disciple. Elle peut tuer celui qui en mange les feuilles.

— Mais elle ne peut pas tuer celui qui se contente de l’observer, répliqua le maître. De même, les désirs négatifs ne peuvent vous causer aucun mal si vous ne vous laissez pas séduire par eux. »

 

«  LE MAITRE réunit un soir ses disciples et leur demanda d’allumer un grand feu autour duquel ils pourraient s’asseoir et bavarder.

«Le chemin spirituel est à l’image du feu qui brûle devant nous, dit-il. L’homme désireux de l’allumer doit s’accommoder des désagréments de la fumée qui nous fait suffoquer et monter les larmes aux yeux. La reconquête de la foi passe par là.

« Mais, une fois que le feu crépite, la fumée disparaît et les flammes illuminent tout autour de nous, apportant la chaleur et la paix.

— Et si quelqu’un allumait le feu pour nous ? demanda l’un des disciples. Et s’il nous permettait d’éviter la fumée ?

— Celui-là serait un faux maître. Il pourrait emporter le feu là où il en aurait envie, ou l’éteindre à sa guise ; mais, puisqu’il n’aurait appris à personne à l’allumer, il serait capable de laisser tout le monde dans l’obscurité. »

UNE FEMME prit ses trois enfants et décida d’aller vivre dans une petite ferme au fin fond du Canada. Elle voulait se consacrer exclusivement à la contemplation spirituelle.

En moins d’un an, elle tomba amoureuse, se remaria, acquit les techniques de méditation des saints, se battit afin de trouver une école pour ses enfants, se fit des amis, se fit des ennemis, négligea de se soigner les dents, eut un abcès, fit de l’auto-stop en pleine tempête de neige, apprit à réparer sa voiture, à remettre en état les canalisations gelées, connut des fins de mois difficiles, vécut des allocations de chômage, dormit sans chauffage, rit sans raison, pleura de désespoir, construisit une chapelle, fit des réparations dans sa maison, dont elle peignit les murs, donna des cours de contemplation spirituelle.

« J’ai fini par comprendre qu’une vie de prière n’implique pas l’isolement, dit-elle. L’amour de Dieu est si vaste qu’il a besoin d’être partagé. »

« AU COMMENCEMENT de votre chemin, vous trouverez une porte avec une inscription, dit le maître. Revenez me dire quelle est cette phrase. »

Le disciple se livre corps et âme à sa quête. Et puis, un jour, il voit la porte, et il retourne consulter son maître.

« Au commencement du chemin, il était écrit : « ce n’est pas possible », lui annonce-t-il.

— Où était-ce écrit, sur un mur ou sur une porte ? demande le maître.

— Sur une porte.

— Eh bien, posez la main sur la poignée et ouvrez-la. »

Le disciple obéit. Comme l’inscription est peinte sur la porte, elle pivote en même temps qu’elle. Lorsque la porte est entièrement ouverte, le disciple ne parvient plus à distinguer la phrase  – et il avance.

«  UN HOMME DECIDA de rendre visite à un ermite qui vivait non loin du monastère de Sceta. Après avoir marché interminablement dans le désert, il le trouva enfin.

«J’ai besoin de savoir quel est le premier pas que l’on doit faire sur la voie de la spiritualité », lui dit-il.

L’ermite l’entraîna vers un puits et le pria d’y contempler son reflet. L’homme obéit, mais l’ermite se mit à jeter des cailloux dans l’eau, dont la surface trembla.

« Je ne pourrai pas voir mon visage tant que vous jetterez des cailloux, remarqua l’homme.

— De même qu’il est impossible à un homme de voir son visage dans des eaux troubles, il lui est impossible de chercher Dieu si sa quête rend son esprit anxieux, dit le moine. Voilà le premier pas. »

IL Y EUT une époque où le voyageur pratiquait la méditation bouddhiste zen. A un certain moment de la séance, le maître allait chercher dans un coin du dojo (l’endroit où les disciples se réunissaient) une baguette de bambou. Ceux des élèves qui n’avaient pas réussi à se concentrer levaient la main. Le maître s’approchait d’eux et leur donnait à chacun trois coups sur l’épaule.

La première fois qu’il assista à cette scène, le voyageur la trouva absurde et digne du Moyen Age. Plus tard, il comprit que, très souvent, il est nécessaire de déplacer sur le plan physique la douleur spirituelle afin de percevoir le mal qu’elle cause. Sur le chemin de Saint-Jacques, il avait appris un exercice qui consistait à enfoncer l’ongle de son index dans son pouce chaque fois qu’une pensée lui faisait du mal.

On perçoit toujours trop tard les terribles conséquences des pensées négatives. Cependant, si nous faisons en sorte que ces pensées se manifestent sous la forme d’une douleur physique, nous comprenons mieux le mal qu’elles nous causent. Alors nous parvenons à les éviter.

  

   

LE MAITRE DIT :

«Volonté. Voilà un mot dont on devrait se méfier pendant quelque temps. Quelles sont les choses que nous ne faisons pas parce que nous n’en avons pas la volonté, et quelles sont celles que nous ne faisons pas parce qu’elles comportent un risque ?

« Voici un exemple de ce que nous prenons pour un « manque de volonté » : parler avec des inconnus. Qu’il s’agisse d’une conversation, d’un simple contact ou d’une confidence, nous parlons rarement avec des inconnus. Et nous trouvons toujours que c’est mieux ainsi.

« Au bout du compte, nous ne venons en aide à personne et nous ne sommes pas aidés par la vie.

« Notre distance nous fait paraître supérieurs et très sûrs de nous. En réalité, nous ne permettons pas à la voix de notre ange de se manifester par la bouche des autres. »

 

 

UN EXPLORATEUR BLANC, pressé d’atteindre sa destination au cœur de l’Afrique, promit une prime à ses porteurs indigènes s’ils acceptaient d’accélérer l’allure. Pendant plusieurs jours, les porteurs pressèrent le pas.

Un après-midi, pourtant, ils refusèrent de continuer, s’assirent tous par terre et posèrent leurs fardeaux. On aurait pu leur offrir encore davantage d’argent, ils n’auraient pas bougé. Lorsque l’explorateur leur demanda la raison de ce comportement, voici la réponse qu’il obtint :

« Nous avons marché si vite que nous ne savons plus ce que nous faisons. Maintenant, nous devons attendre que nos âmes nous rejoignent. »

N’ESSAYEZ PAS d’être toujours cohérent. Finalement, saint Paul n’a-t-il pas dit : « La sagesse du monde est folie aux yeux de Dieu » ?

Etre cohérent, c’est porter toujours une cravate assortie à ses chaussettes. C’est être obligé d’avoir demain les mêmes opinions qu’aujourd’hui. Et le mouvement du monde ? Où est-il ?

Du moment que vous ne causez de tort à personne, vous pouvez changer d’avis de temps en temps et vous contredire sans en éprouver de honte. Vous en avez le droit. Peu importe ce que pensent les autres  – parce qu’ils vont penser, de toute façon.

Par conséquent détendez-vous. Laissez l’univers bouger autour de vous, découvrez la joie de vous surprendre vous-même. «Dieu a choisi les folies du monde pour faire honte aux sages », dit saint Paul.

 

SAINT ANTOINE vivait dans le désert quand un jeune homme vint le trouver :

« Mon père, j’ai vendu tout ce que j’avais et je l’ai donné aux pauvres. Je n’ai gardé que quelques objets qui pourraient m’aider à survivre ici. J’aimerais que vous m’indiquiez le chemin du salut. »

Saint Antoine conseilla au garçon d’aller à la ville vendre les rares objets qu’il avait conservés et, avec l’argent, d’acheter de la viande. Sur le chemin du retour, il devait rapporter la viande attachée à son corps.

Le garçon obéit, mais il fut attaqué en route par des chiens et des faucons qui voulaient leur part de viande.

« Me voici de retour », annonça le garçon, montrant sur son corps des traces de coups de griffes et ses vêtements arrachés.

« Ceux qui veulent franchir une étape tout en gardant un peu de leur ancienne vie finissent lacérés par leur propre passé », dit le saint pour tout commentaire.

 

  Au BORD de la rivière Piedra se trouve un monastère entouré d’une végétation florissante  – une véritable oasis au milieu des terres arides de cette région d’Espagne. C’est là que la petite rivière devient un cours d’eau torrentueux et se divise en de multiples cascades.

Le voyageur traverse la contrée, écoutant la musique de l’eau. Soudain, au pied d’une cascade, une grotte attire son attention. Il observe soigneusement la pierre polie par le temps et les belles formes que la nature a patiemment créées. Puis il découvre, inscrits sur une plaque, les vers de Rabin-dranath Tagore :

Ce n’est pas le marteau qui a rendu ces pierres si parfaites, mais l’eau, avec sa douceur, sa danse et sa chanson.

Là où la dureté ne fait que détruire, la douceur parvient à sculpter.

LE MAITRE DIT :

« Beaucoup de gens ont peur du bonheur. Pour eux, ce mot signifie modifier une partie de leurs habitudes, et perdre leur identité.

« Très souvent nous nous croyons indignes des bonnes choses qui nous arrivent. Nous ne les acceptons pas parce que, si nous le faisions, nous aurions le sentiment d’avoir une dette envers Dieu.

« Nous pensons : « Mieux vaut ne pas goûter à la coupe de la joie, sinon, lorsqu’elle sera vide, nous souffrirons terriblement."

« De peur de rapetisser, nous oublions de grandir. De peur de pleurer, nous oublions de rire. »

« TOUS LES MAITRES affirment que le trésor spirituel est une découverte solitaire. Alors, pourquoi sommes-nous ensemble ? demanda un disciple à son maître.

— Vous êtes ensemble parce que la forêt est toujours plus forte qu’un arbre isolé, répondit celui-ci. La forêt conserve l’humidité, résiste mieux à l’ouragan et contribue à la fertilité du sol. Mais ce qui fait la force de l’arbre, c’est sa racine. Et la racine d’une plante ne peut pas aider une autre plante à pousser.

« Etre ensemble avec un but commun et permettre que chacun se développe à sa manière, voilà le chemin de ceux qui désirent communier avec Dieu. »

NOUS SOMMES TOUS désireux d’agir, de trouver des solutions, de prendre des mesures. Nous sommes toujours en train de faire un projet, d’en conclure un autre, d’en découvrir un troisième.

Il n’y a pas de mal à cela  – en fin de compte, c’est ainsi que nous construisons et transformons le monde. Mais l’acte d’Adoration aussi fait partie de la vie.

S’arrêter de temps en temps, sortir de soi et demeurer silencieux devant l’Univers. Se mettre à genoux, corps et âme. Sans rien demander, sans penser, sans même remercier pour quoi que ce soit. Seulement vivre l’amour silencieux qui nous enveloppe. Dans ces moments-là, il se peut que jaillissent quelques larmes inattendues  – qui ne sont ni de joie ni de tristesse.

N’en soyez pas étonné. C’est un don. Ces larmes lavent votre âme.

LE MAITRE DIT :

« Nous devons prendre soin de notre corps. Il est le temple du Saint-Esprit et mérite notre respect et notre tendresse.

« Nous devons faire le meilleur usage de notre temps. Nous devons lutter pour nos rêves et concentrer nos efforts dans ce sens.

« Mais il ne faut pas oublier que la vie est faite de petits plaisirs : ils sont là pour nous stimuler, nous aider dans notre quête, nous accorder des moments de répit tandis que nous menons nos batailles quotidiennes.

« Ce n’est pas un péché que d’être heureux. Il n’y a aucun mal à transgresser de temps en temps certaines règles en matière d’alimentation, de sommeil ou de bonheur.

« Ne vous culpabilisez pas si parfois vous perdez du temps à des vétilles. Ce sont les petits plaisirs qui sont nos plus grands stimulants. »

 

LE MAITRE DIT :

« Si vous suivez le chemin de vos rêves, engagez-vous vraiment. Ne vous gardez pas une porte de sortie  – par exemple, une excuse du genre : « Ce n’est pas tout à fait cela que je voulais. » Cette phrase contient en elle le germe de la défaite.

« Assumez votre chemin, même si vous devez marcher d’un pas incertain, même si vous savez que vous pouvez mieux faire. Si vous acceptez vos possibilités présentes, vous progresserez certainement à l’avenir. En revanche, si vous niez vos limites, vous ne vous en libérerez jamais.

« Envisagez votre chemin avec courage et ne craignez pas les critiques d’autrui. Surtout, ne vous laissez pas paralyser par l’autocritique.

« Dieu sera avec vous durant vos nuits d’insomnie, et Son amour séchera vos larmes secrètes. Dieu est le Dieu des vaillants. »

LE MAITRE demanda à ses disciples d’aller chercher de quoi manger. Ils étaient en voyage et avaient des difficultés pour se nourrir correctement.

Dans la soirée, les disciples revinrent, chacun apportant le peu qu’il avait reçu de la charité d’autrui : des fruits blets, presque pourris, du pain rassis, du vin aigre.

L’un d’eux, cependant, rapporta un sac de pommes bien mûres.

« Je ferai toujours mon possible pour aider mon maître et mes frères, dit-il en distribuant les pommes.

— Où avez-vous trouvé cela ? s’enquit le maître.

— J’ai dû les voler, répondit le disciple. Les gens ne me donnaient que des aliments avariés. Pourtant, ils savent bien que nous prêchons la parole de Dieu.

— Eh bien, allez-vous-en avec vos pommes, et ne revenez jamais ! s’exclama le maître. Celui qui vole pour moi finira par me voler. »

 

 

LE MAITRE demanda à son disciple préféré s’il avait fait des progrès sur le plan spirituel. Le disciple répondit qu’il parvenait à consacrer à Dieu chaque instant de sa journée.

« Alors, il ne vous reste plus qu’à pardonner à vos ennemis », remarqua le maître.

Le disciple se redressa, choqué :

« Mais ce n’est pas la peine ! Je ne suis pas en colère contre mes ennemis !

— Croyez-vous que Dieu soit en colère contre vous ? interrogea le maître.

— Non, bien sûr ! répondit le disciple.

— Et pourtant vous implorez Son pardon, n’est-ce pas ? Faites-en autant avec vos ennemis, même si vous n’éprouvez pas de haine à leur égard. Celui qui pardonne nettoie et parfume son propre cœur. »

  

LE VOYAGEUR se trouve dans une fête de la Saint-Jean. Il y a des baraques de foire, un stand de tir à l’arc, une nourriture simple.

Soudain, un clown se met à imiter tous ses gestes. Les gens rient, et lui aussi s’en amuse. Finalement, il invite le clown à boire un café.

« Engagez-vous dans la vie ! lui dit ce dernier. Si vous êtes vivant, vous devez secouer les bras, sauter, faire du bruit, rire et parler avec les autres, parce que la vie est exactement l’opposé de la mort. Mourir, c’est rester à tout jamais dans la même position. Si vous êtes trop tranquille, vous n’êtes plus en vie. »

UN DISCIPLE et son maître se promenaient un matin dans la campagne. Le disciple demandait s’il existait un régime favorisant la purification. Bien que le maître affirmât avec insistance que tout aliment était sacré, il ne voulait pas le croire.

« Il doit bien exister une nourriture qui nous rapproche de Dieu, répétait-il.

— Vous avez peut-être raison. Ces champignons, là, par exemple », suggéra le maître.

Le disciple, tout excité, crut que les champignons allaient lui apporter la purification et l’extase. Mais lorsqu’il voulut en ramasser un, il poussa un cri horrifié :

« Ils sont vénéneux ! Si j’en mangeais un, je mourrais sur-le-champ !

— Eh bien, je ne connais pas d’autre aliment qui vous rapprocherait de Dieu », conclut le maître.

 

 

 

DANS UN BAR d’un village perdu, en Espagne, près d’une ville nommée Olite, on lit sur une affiche le texte suivant que le patron a rédigé :

Justement au moment où j’avais réussi à trouver toutes les réponses, toutes les questions ont changé.

Le maître dit :

« Nous sommes toujours très occupés à chercher des réponses. Nous considérons qu’elles sont essentielles pour comprendre le sens de la vie. Mais il est plus important encore de vivre pleinement et de laisser le temps se charger de nous révéler les secrets de notre existence. Si nous sommes trop occupés à trouver un sens, nous ne laissons pas faire la nature, et nous sommes incapables de lire les signes de Dieu. »

 

 

UNE LEGENDE AUSTRALIENNE raconte l’histoire d’un sorcier qui se promenait avec ses trois sœurs lorsque le plus célèbre guerrier de l’époque les aborda.

« Je veux épouser l’une de ces belles jeunes filles, déclara le guerrier.

— Si l’une d’elles se marie, les autres vont souffrir. C’est pourquoi je cherche une tribu qui autorise les guerriers à avoir trois femmes », rétorqua le sorcier en s’éloignant.

Pendant des années, il parcourut en vain le continent australien.

« L’une de nous au moins aurait pu être heureuse, fit remarquer l’une des sœurs, tandis qu’ils étaient vieux et fatigués d’avoir tant marché.

— J’ai eu tort, reconnut le sorcier, mais à présent il est trop tard. »

Et il transforma ses trois sœurs en blocs de pierre, afin que tous ceux qui passeraient par là comprennent que le bonheur de l’un ne signifie pas la tristesse des autres.

UN DOMPTEUR DE CIRQUE parvient à dresser un éléphant en recourant à une technique très simple : alors que l’animal est encore jeune, il lui attache une patte à un tronc d’arbre très solide. Malgré tous ses efforts, l’éléphanteau n’arrive pas à se libérer. Peu à peu, il s’habitue à l’idée que le tronc est plus fort que lui. Une fois qu’il est devenu un adulte doté d’une force colossale, il suffît de lui passer une corde au pied et de l’attacher à un jeune arbre. Il ne cherchera même pas à se libérer.

Comme ceux des éléphants, nos pieds sont entravés par des liens fragiles. Mais, comme nous avons été accoutumés dès l’enfance à la puissance du tronc d’arbre, nous n’osons pas lutter.

Sans savoir qu’il nous suffirait d’un geste de courage pour découvrir toute notre liberté.

 

IL EST UN MOMENT de la journée où notre vision est indistincte : c’est le crépuscule. La lumière et les ténèbres se rejoignent, et rien n’est totalement clair ni totalement obscur. Dans la plupart des traditions spirituelles, ce moment est considéré comme sacré.

La tradition catholique nous enseigne qu’à six heures du soir nous devons réciter l’Ave Maria. Dans la tradition quetchua, si nous rencontrons un ami durant l’après-midi et que nous sommes toujours ensemble au crépuscule, nous devons tout recommencer et le saluer de nouveau d’un « bonsoir ».

Au crépuscule, l’équilibre entre l’homme et la planète est mis à l’épreuve. Dieu mêle l’ombre et la lumière pour voir si la Terre a le courage de continuer à tourner.

Si la Terren’est pas effrayée par l’obscurité, la nuit passe, et un nouveau Soleil brille le lendemain.

" UN HOMME en quête de sagesse décida de se rendre dans les montagnes où, lui avait-on dit, Dieu apparaissait tous les deux ans. La première année, il se nourrit de tout ce que la terre lui offrait. Puis il n’y eut plus rien à manger et il dut retourner en ville.

« Dieu est injuste ! s’exclama-t-il. Il n’a pas vu que j’étais resté ici tout ce temps afin d’entendre Sa voix. A présent j’ai faim, et je m’en vais sans L’avoir entendu. »

A cet instant un ange apparut :

« Dieu aimerait beaucoup parler avec vous. Durant toute une année, Il vous a nourri. Il espérait que vous subviendriez à vos besoins l’année suivante. Mais, pendant ce temps, qu’avez-vous planté ? Si un homme n’est pas capable de faire pousser des fruits à l’endroit où il vit, il n’est pas prêt à parler avec Dieu. »"

 

 

 

 

LE MAITRE DIT :

« Voyez comme certains mots ont été formés de manière que l’on comprenne clairement leur signification.

« Prenons le mot « préoccupation », et scindons-le en deux : « pré » et « occupation ». Il signifie s’occuper d’une chose avant qu’elle ne se produise.

« Qui donc, dans tout cet univers, possède l’aptitude de s’occuper de quelque chose qui n’est pas encore arrivé ?

« Ne soyez jamais préoccupés. Soyez attentifs à votre destin et à votre chemin. Apprenez tout ce que vous devez savoir pour bien manier l’épée de lumière qui vous a été confiée. Observez comment luttent vos amis, vos maîtres, vos ennemis.

« Entraînez-vous suffisamment, mais ne commettez pas la pire des erreurs, qui serait de croire que vous savez quel coup votre adversaire va vous porter. »

 

 

 

 « TU VOIS ce saint homme, si humble, qui marche sur la route ? dit un démon à un autre. Eh bien, je m’en vais conquérir son âme.

— Il ne t’écoutera pas, il ne prête attention qu’aux choses saintes », répliqua son compagnon.

Mais le diable, rusé comme toujours, revêtit les habits de l’ange Gabriel et apparut au saint homme. « Je suis venu vous aider, lui dit-il.

— Vous me confondez sans doute avec quelqu’un d’autre, rétorqua le saint homme. Je n’ai jamais rien fait dans ma vie pour mériter l’apparition d’un ange. »

Et il poursuivit sa route, sans savoir à quoi il avait échappé.

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE était un jeune homme très populaire lorsqu’il décida de tout quitter pour bâtir l’œuvre de sa vie. Sainte Claire était une belle femme quand elle fit vœu de chasteté. Raymond Lulle fréquentait les grands intellectuels de son temps lorsqu’il se retira dans le désert.

La quête spirituelle est, avant tout, un défi. Celui qui s’en sert pour fuir ses problèmes n’ira pas bien loin. Cela n’a aucun intérêt de se retirer du monde pour un homme qui échoue à se faire des amis. Cela n’a aucun sens de faire vœu de pauvreté lorsqu’on est incapable d’assurer sa subsistance. Ni d’être humble lorsqu’on est un lâche.

Posséder quelque chose et y renoncer est une chose. N’avoir rien et condamner ceux qui possèdent en est une autre. Il est très facile à un homme impuissant de prêcher la chasteté absolue, mais quelle valeur a son engagement ?

Le maître dit :

« Louez l’œuvre de Dieu. Faites la conquête de vous-même tandis que vous affrontez le monde. »

COMME IL EST FACILE d’être difficile ! Il nous suffit de demeurer loin des autres, ainsi nous ne souffrirons jamais. Nous ne courrons pas le risque d’aimer, d’être déçu, de voir nos rêves frustrés.

Comme il est facile d’être difficile. Nous n’avons pas à nous soucier des coups de téléphone à donner, des gens qui nous demandent de leur venir en aide, des bienfaits qu’il faudrait dispenser.

Comme il est facile d’être difficile. Il nous suffit de faire semblant d’être dans une tour d’ivoire et de ne jamais verser une larme. Il nous suffit de passer le reste de notre vie à jouer un rôle.

Comme il est facile d’être difficile. Il nous suffit de rejeter tout ce que la vie offre de meilleur.

UN PATIENT déclara à son médecin :

« Docteur, je suis sous l’emprise de la peur et cela me prive de toute joie de vivre.

— Dans mon cabinet, il y a un petit rat qui mange mes livres, lui répondit le médecin. Si je m’acharne à essayer de l’attraper, il ira se cacher, et je passerai tout mon temps à le pourchasser. C’est pourquoi je mets en lieu sûr les livres qui ont de l’importance et je lui en laisse quelques autres à ronger. Ainsi, il reste petit et ne devient pas un monstre. Redoutez certaines choses et concentrez sur elles toute votre peur. Ainsi, vous aurez du courage pour le reste. »

 

 

" EVE se promenait dans le jardin d’Eden lorsque le serpent s’approcha d’elle.

« Mange cette pomme », lui dit-il.

Eve, que Dieu avait instruite, refusa.

« Mange cette pomme, insista le serpent, tu dois te faire plus belle pour ton homme.

— Je n’en ai pas besoin, répondit-elle, il n’a pas d’autre femme que moi. »

Le serpent rit :

« Bien sûr que si ! »

Et, comme Eve ne le croyait pas, il l’emmena jusqu’en haut d’une colline où se trouvait un puits.

« Elle est là, au fond. C’est là qu’Adam l’a cachée. »

Eve se pencha et vit dans l’eau du puits l’image d’une belle femme. Alors, sans hésiter, elle croqua la pomme que le serpent lui offrait."

 

 

" UN MECHANT HOMME meurt et, à la porte de l’Enfer, il rencontre un ange.

Ce dernier lui dit : « Il suffit que vous ayez fait une bonne action dans votre vie, cela vous portera secours. »

L’homme répond : « Je n’ai jamais rien fait de bon dans cette vie.

— Réfléchissez bien », insiste l’ange.

Alors l’homme se souvient qu’un jour, tandis qu’il marchait en forêt, il a vu sur le chemin une araignée et qu’il a fait un détour pour ne pas l’écraser.

L’ange sourit et une toile d’araignée descend des cieux pour permettre à l’homme de monter jusqu’au Paradis. D’autres condamnés en profitent pour grimper avec lui, mais l’homme se retourne et, craignant que le fil ne se rompe, il se met à les repousser.

A cet instant, le fil craque et l’homme est de nouveau projeté en Enfer.

« C’est dommage, lui dit l’ange. Votre égoïsme a transformé en mal la seule chose positive que vous ayez jamais faite ! »" 

LE MAITRE DIT :

« Le carrefour est un lieu sacré. C’est là que le pèlerin doit prendre une décision. C’est pourquoi les dieux ont coutume d’y dormir et d’y manger.

« Là où les routes se croisent, deux grandes énergies se concentrent  – le chemin que l’on va choisir, et celui que l’on abandonne. Tous deux ne font alors plus qu’un, mais seulement pour une courte période.

« Le pèlerin peut se reposer, dormir un peu, et même consulter les dieux qui habitent là. Mais il ne peut pas y demeurer pour toujours : lorsque son choix est fait, il doit poursuivre sa route, sans penser à la voie qu’il a délaissée.

« Sinon, le carrefour devient une malédiction. »

AU NOM DE la vérité, l’humanité a commis les pires crimes. Des hommes et des femmes sont morts sur le bûcher. La culture de certaines civilisations a été anéantie. Ceux qui commettaient le péché de la chair étaient exclus. Ceux qui cherchaient un chemin différent, marginalisés.

L’un d’eux, au nom de la « vérité », a fini crucifié. Mais avant de mourir, Il nous a laissé une grande définition de la Vérité.

Ce n’est pas ce qui nous donne des certitudes.

Ce n’est pas ce qui nous donne de la profondeur.

Ce n’est pas ce qui nous rend meilleurs que les autres.

Ce n’est pas ce qui nous retient dans la prison des préjugés.

La Véritéest ce qui nous rend libres.

« Vous connaîtrez la Vérité, et la Vérité vous libérera », a-t-il dit.

 

SUR LES MURS d’une petite église des Pyrénées, il est écrit :

Seigneur, que ce cierge que je viens d’allumer soit lumière et m’éclaire dans mes décisions et dans mes difficultés.

Qu’il soit feu pour que Tu brûles en moi l’égoïsme, l’orgueil et l’impureté.

Qu’il soit flamme pour que Tu réchauffes mon cœur et m’apprennes à aimer.

Je ne puis rester très longtemps dans Ton église, mais en laissant ce cierge, je laisse ici un peu de moi-même. Cela m’aide à prolonger ma prière parmi les activités de ce jour.

Amen.

UN PELERIN traverse un petit village au plus fort de l’orage, et il aperçoit une maison qui brûle. En s’approchant, il distingue un homme assis dans le salon en flammes.

« Hé ! Votre maison est en feu, s’écrie le pèlerin.

— Je le sais, répond l’homme.

— Alors, pourquoi ne sortez-vous pas ?

— Parce qu’il pleut, explique l’homme. Ma mère m’a toujours dit que, si l’on sortait sous la pluie, on risquait d’attraper une pneumonie. »

Zao Chi commente ainsi la fable : Sage est l’homme qui parvient à se sortir d’une situation quand il s’y voit forcé.

 

 

 

LE MAITRE DIT :

« Dorénavant, et pour quelques centaines d’années, l’univers va boycotter tous ceux qui ont des opinions préconçues.

« L’énergie de la terre exige d’être renouvelée. Les idées nouvelles ont besoin d’espace. Le corps et l’âme ont soif de nouveaux défis. L’avenir frappe à notre porte, et toutes les idées  – excepté celles qui reposent sur des préjugés  – auront une chance de se manifester.

« L’important demeurera, l’inutile disparaîtra. Mais que chacun se contente de juger ses propres conquêtes : nous ne sommes pas juges des rêves de notre prochain.

« Pour avoir foi dans notre propre chemin, il n’est nul besoin de prouver que celui de l’autre n’est pas le bon. Celui qui agit ainsi n’a pas confiance en ses propres pas. »

 

LA VIE EST A L’IMAGE d’une grande course cycliste dont le but est pour chacun l’accomplissement de sa Légende Personnelle.

Sur la ligne de départ, nous sommes tous animés par les mêmes sentiments de camaraderie et d’enthousiasme. Mais, à mesure que la course se déroule, la joie initiale fait place aux vrais défis : la fatigue, la monotonie, les doutes sur nos capacités... Nous constatons que certains amis ont renoncé à relever le défi  – ils courent encore, mais seulement parce que l’on ne peut pas s’arrêter au beau milieu d’une route. Ils sont nombreux, ils pédalent à côté de la voiture de secours, ils bavardent entre eux, ils accomplissent un devoir.

Nous finissons par prendre nos distances ; alors, il nous faut affronter la solitude, l’imprévu qui surgit des virages inconnus, les difficultés matérielles causées par notre bicyclette. Finalement, nous nous demandons si tout cet effort vaut vraiment la peine.

Oui, il en vaut la peine. Simplement, il ne faut pas renoncer.

LE MAITRE traverse avec son disciple le désert d’Arabie. Il met à profit chaque moment du voyage pour lui enseigner ce qu’est la foi. « Ayez confiance en Dieu, dit-il, Dieu n’abandonne jamais Ses enfants. »

Un soir, au campement, il demande au disciple d’aller attacher leurs montures à un rocher voisin. Le disciple se souvient alors des enseignements de son maître. « Il est en train de me mettre à l’épreuve, pense-t-il. Je dois confier les chevaux à Dieu. » Et il laisse les bêtes en liberté.

Le lendemain matin, il découvre qu’elles se sont enfuies. Révolté, il va trouver son maître.

« Vous n’entendez rien à Dieu, s’exclame-t-il. Je Lui ai confié la garde des chevaux, et les animaux ne sont plus là !

— Dieu voulait prendre soin des chevaux, rétorque le maître. Mais, à ce moment, Il avait besoin de vos mains pour les attacher. »

« IL SE PEUT QUE Jésus ait envoyé en Enfer certains de ses disciples pour sauver des âmes, dit John. Même en Enfer, tout n’est pas perdu. »

Cette idée surprend le voyageur. John est pompier à Los Angeles et c’est son jour de congé.

« Pourquoi dites-vous cela ? s’étonne le voyageur.

— Parce que j’ai déjà vécu l’enfer sur cette Terre. Je pénètre dans des bâtiments en flammes, je vois des gens désespérés qui tentent de s’échapper, et il m’est très souvent arrivé de risquer ma vie pour les sauver. Je ne suis qu’une particule dans cet immense univers, forcé d’agir en héros au milieu de tous les enfers de feu que j’affronte. Si moi, qui ne suis rien, je parviens à agir de la sorte, imaginez ce que Jésus a dû faire ! Je suis sûr que certains de ses apôtres se sont infiltrés en Enfer pour y sauver des âmes. »

 

LA VIE, ce n’est pas demander ou donner des conseils. Si nous avons besoin d’aide, il est préférable d’observer comment les autres résolvent  – ou échouent à résoudre  – leurs problèmes.

Notre ange est toujours présent, et très souvent il se sert des lèvres d’autrui pour nous dire quelque chose. Mais il s’adresse à nous de manière fortuite, en général au moment où, bien qu’attentifs, nous ne laissons pas nos préoccupations troubler le miracle de la vie.

Laissons notre ange nous parler de la manière qui lui est coutumière, quand il pense que c’est nécessaire.

Le maître dit :

« Les conseils sont la théorie de la vie. La pratique est, en général, très différente. »

 

 

 

 

UN SORCIER AFRICAIN conduit son apprenti dans la forêt. En dépit de son âge, il marche avec agilité, tandis que l’apprenti glisse et tombe à tout instant. Celui-ci blasphème, se relève, crache sur le sol qui le trahit, mais continue à suivre son maître.

Après avoir longtemps marché, ils arrivent dans un lieu sacré. Sans même s’arrêter, le sorcier fait demi-tour et reprend la route en sens inverse.

«Vous ne m’avez rien enseigné, aujourd’hui, objecte l’apprenti, après une nouvelle chute.

— Je vous ai enseigné quelque chose, mais on dirait que vous n’apprenez rien, réplique le sorcier. J’essaie de vous enseigner comment on traite les erreurs de la vie.

— Et comment les traite-t-on ?

— De la façon dont vous auriez dû traiter les chutes que vous avez faites. Au lieu de maudire l’endroit où vous êtes tombé, vous auriez dû chercher ce qui vous avait fait glisser. »

LE PERE SUPERIEUR du monastère de Sceta reçut un après-midi la visite d’un ermite.

« Mon conseiller spirituel ne sait comment me diriger, déclara le nouveau venu. Dois-je le quitter ? »

Le père supérieur ne répondit mot et l’ermite retourna dans le désert. Une semaine plus tard, il revint.

« Mon conseiller spirituel ne sait comment me diriger, répéta-t-il. J’ai décidé de le quitter.

— Voilà des paroles sages, conclut le père supérieur. Quand un homme comprend que son âme n’est pas satisfaite, il ne demande pas de conseils, il prend les décisions adéquates pour préserver son bout de chemin dans cette vie. »

UNE JEUNE FEMME s’approche du voyageur.

« Je veux vous raconter quelque chose, lui dit-elle. J’ai toujours cru que j’avais un don de guérison, mais je n’avais pas le courage de m’en servir. Et puis, un jour, mon mari souffrait beaucoup de la jambe gauche et il n’y avait personne pour l’aider. Alors, mourant de honte, j’ai décidé de poser mes mains sur sa jambe et de demander que la douleur cesse.

« J’ai agi ainsi sans croire vraiment que je pourrais lui venir en aide, et puis je l’ai entendu prier : « Fais, Seigneur, que ma femme soit capable d’être la messagère de Ta lumière, de Ta force. » Ma main est devenue très chaude et aussitôt les douleurs ont disparu.

« Plus tard, je lui ai demandé pourquoi il avait prié ainsi. Il m’a répondu que c’était pour me donner confiance. Aujourd’hui, je suis capable de guérir d’autres personnes, grâce à ces mots. »

LE MAITRE DIT :

« La parole est pouvoir. Les mots transforment le monde et l’homme.

« Nous avons tous déjà entendu dire : « Il ne faut pas parler des bonnes choses qui nous arrivent, car l’envie des autres détruirait notre joie. »

« Il n’en est rien. Les vainqueurs parlent avec fierté des miracles survenus dans leur existence. Si vous dégagez de l’énergie positive, elle attirera davantage d’énergie positive encore et elle réjouira ceux qui vous veulent vraiment du bien.

« Quant aux envieux, aux vaincus, ils ne pourront vous causer du tort que si vous leur donnez ce pouvoir.

« N’ayez pas peur. Parlez des bonnes choses de votre vie à qui veut les entendre. L’Ame du Monde a grand besoin de votre joie. »

 

 

LE VOYAGEUR arrive à San Martin de Unx, en Navarre, un village qui tombe presque en ruine. Il finit par découvrir la femme qui garde la clef de la belle église romane. Très gentiment, elle gravit avec lui les ruelles étroites et lui ouvre la porte.

Le voyageur est ému par l’obscurité et le silence du temple médiéval. Il bavarde un peu avec la femme et, à un moment, il lui fait remarquer que, bien qu’il soit midi, on ne distingue pas grand-chose des splendides œuvres d’art que renferme l’église.

« On ne voit bien les détails qu’au lever du jour, lui explique-t-elle. La légende veut que ce soit précisément cela que voulaient nous enseigner les bâtisseurs de cette église : Dieu choisit toujours une heure précise pour nous montrer Sa gloire. »

UN VIEILLARD sur le point de mourir appelle auprès de lui un jeune homme et lui raconte une histoire héroïque : au cours d’une guerre, il a aidé un homme à s’enfuir, lui donnant abri, nourriture et protection. Mais alors qu’ils arrivaient en lieu sûr, l’autre a décidé de le trahir et l’a livré à l’ennemi.

« Et comment vous êtes-vous échappé ? demande le jeune homme.

— Je ne me suis pas échappé, je suis l’autre, celui qui a trahi, avoue le vieillard. Mais lorsque je raconte cette histoire comme si j’en étais le héros, je comprends mieux tout ce qu’il a fait pour moi. »

 

LE MAITRE DIT :

« Nous avons tous besoin d’amour. L’amour fait partie de la nature humaine, autant que manger, boire et dormir. Il nous arrive de nous asseoir, seuls, devant un beau coucher de soleil et de penser : « Toute cette beauté n’a aucune importance, puisque je n’ai personne avec qui la partager."

« Il faudrait alors nous demander combien de fois, alors qu’on nous réclamait de l’amour, nous avons détourné la tête. Combien de fois nous avons eu peur de nous approcher de quelqu’un et de lui avouer sans façon que nous étions amoureux.

« Gare à la solitude. Telles les drogues les plus dangereuses, elle crée une dépendance. Si le coucher de soleil semble ne plus avoir de sens pour vous, faites preuve d’humilité et allez chercher de l’amour. Sachez que, là comme pour d’autres biens spirituels, plus vous serez disposé à donner, plus vous recevrez en retour. »

« COMMENT SAVOIR quelle est la meilleure manière d’agir dans la vie ? » demanda le disciple à son maître.

Le maître lui suggéra de fabriquer une table. Quand la table fut quasi prête  – il ne restait plus qu’à planter les clous dans le plateau  –, le maître s’approcha. Le disciple plantait les clous en trois coups précis mais, le dernier clou résistant davantage, il dut donner un coup supplémentaire. Le clou s’enfonça trop profondément, et le bois fut abîmé.

« Votre main était habituée à trois coups de marteau, fit remarquer le maître. Lorsqu’une action est dirigée par l’habitude, elle perd son sens, et cela finit par causer des dommages.

« Chaque action est unique, et le seul secret à connaître est le suivant : ne laissez jamais l’habitude commander vos actes. »

 

 

LE MAITRE DIT :

« La Légende Personnelle n’est pas aussi simple qu’il y paraît. La vivre peut constituer une activité dangereuse. Lorsque nous voulons quelque chose, nous mettons en mouvement des énergies puissantes, et nous ne pouvons plus nous cacher à nous-mêmes le véritable sens de notre vie. Lorsque nous désirons quelque chose, nous faisons un choix et nous en payons le prix.

« Poursuivre un rêve a un prix. Cela peut impliquer que nous abandonnions nos vieilles habitudes, cela peut entraîner pour nous des difficultés, des déceptions.

«Toutefois, quel que soit ce prix, il ne sera jamais aussi élevé que celui que payeront ceux qui n’ont pas vécu leur Légende Personnelle. Un jour, ceux-là regarderont en arrière, ils verront tout ce qu’ils ont fait, et ils entendront leur cœur dire : « J’ai gaspillé ma vie."

« Croyez-moi, c’est l’une des pires phrases que l’on puisse entendre. »

UN MAITRE avait des centaines de disciples. Tous priaient à l’heure dite, sauf un, qui était ivre en permanence.

Le jour où il sentit sa mort proche, le maître appela l’ivrogne et lui transmit ses connaissances occultes. Les autres disciples se rebellèrent :

« Quelle honte ! Nous nous sommes sacrifiés pour un maître extravagant et incapable de reconnaître nos qualités. »

Le maître dit :

« Je devais révéler ces secrets à un homme que je connaisse bien. Chez ceux qui semblent très vertueux se cachent en général la vanité, l’orgueil, l’intolérance. C’est pourquoi j’ai choisi le seul disciple dont le défaut était visible : l’ivrognerie. »

 

 

L’UN DES SYMBOLES consacrés par le christianisme est la figure du pélican. L’explication en est simple : quand il n’y a plus rien à manger, le pélican plonge son bec dans sa propre chair pour l’offrir à ses petits.

Le maître dit :

« Souvent, nous sommes incapables de comprendre les bénédictions que nous recevons. Nous ne percevons pas ce qu’il fait pour nous assurer notre nourriture spirituelle.

« Une histoire raconte que, par un hiver rigoureux, un pélican, offrant sa propre chair à ses enfants, réussit à survivre durant quelques jours à son sacrifice. Lorsque enfin il mourut, l’un des petits dit à l’autre : « Tant mieux. J’en avais assez de manger tous les jours la même chose. » »

  

LE PHILOSOPHE allemand Friedrich Nietzsche a dit un jour :

« Il est vain de peser sans cesse le pour et le contre ; se tromper de temps à autre fait partie de la condition humaine. ».

Le maître dit :

« Il y a des gens qui mettent leur point d’honneur à avoir raison jusque dans les moindres détails. Nous-mêmes, très souvent, nous ne nous permettons pas de commettre une erreur. Tout ce que l’on obtient par cette attitude, c’est la crainte d’aller de l’avant.

« La peur de se tromper est la porte qui nous enferme dans le château de la médiocrité. Si nous parvenons à la vaincre, nous faisons un pas décisif vers notre liberté. »

UN NOVICE demanda à l’abbé Nisteros, au monastère de Sceta :

« Que dois-je faire pour plaire à Dieu ? »

Il reçut cette réponse :

« Abraham acceptait les étrangers, et Dieu fut content. Elie n’aimait pas les étrangers, et Dieu fut content. David était fier de ses actes, et Dieu fut content. Le publicain devant l’autel avait honte de ses actes, et Dieu fut content. Jean-Baptiste se retira au désert, et Dieu fut content. Jonas se rendit dans la grande cité de Ninive, et Dieu fut content.

« Demandez à votre âme ce qu’elle souhaite. Que votre âme soit en accord avec vos rêves, voilà ce qui plaît à Dieu. »

, arrogantes et hautaines. De même, l’imbécile se croit toujours meilleur que son prochain. »

durera l’espèce humaine. Mais laissez-moi la corriger. »

Pierre avait compris que l’Amour pardonne. Judas n’avait rien compris.

Le maître dit :

L’UN DES EXERCICES de développement personnel les plus efficaces consiste à prêter attention aux gestes que nous faisons machinalement  – par exemple, respirer, cligner des yeux, remarquer les objets qui nous entourent.

Ce faisant, nous permettons à notre cerveau de travailler plus librement, sans l’interférence de nos désirs. Certains problèmes qui paraissaient insolubles finissent par se résoudre, certaines difficultés que nous pensions insurmontables finissent par se dissiper sans effort.

Le maître dit :

« Lorsque vous devez affronter une situation délicate, efforcez-vous de recourir à cette technique. Elle exige un peu de discipline, mais les résultats peuvent se révéler surprenants. »

 

  

LE VOYAGEUR, qui venait d’assister à la messe, était assis, tout seul. Soudain, un ami l’aborda :

« J’ai grand besoin de vous parler. »

Le voyageur vit dans cette rencontre un signe, et il en fut si enthousiasmé qu’il se mit à parler de tout ce qu’il jugeait important : les bénédictions de Dieu, l’amour  – et il expliqua à son ami qu’il était un signe envoyé par son ange, puisque quelques instants auparavant il se sentait seul alors qu’à présent il avait de la compagnie.

L’ami l’écouta en silence, le remercia, puis s’en alla.

Le voyageur perdit alors sa joie et se sentit plus solitaire que jamais. Plus tard, il se rendit compte que, dans son enthousiasme, il n’avait prêté aucune attention à la demande de son ami.

Il baissa les yeux au sol et il vit ses mots jetés au beau milieu de la rue, parce que l’univers, à ce moment-là, souhaitait autre chose.

 LE MAITRE DIT :

« Ecrivez ! Une lettre, un journal ou jetez quelques notes sur le papier en parlant au téléphone, mais écrivez ! Ecrire nous rapproche de Dieu et de notre prochain. Si vous voulez mieux comprendre votre rôle en ce monde, écrivez.

« Efforcez-vous de mettre votre âme par écrit, même si personne ne vous lit  – ou, pis, même si quelqu’un finit par lire ce que vous vouliez garder secret. Le simple fait d’écrire nous aide à organiser notre pensée et à discerner clairement ce qui se trouve autour de nous. Un papier et un stylo opèrent des miracles  – ils soignent les douleurs, réalisent les rêves, restituent l’espoir perdu.

« Les mots ont un pouvoir. »

 

  

MILTON ERICKSON a inventé une thérapie qui a déjà fait des milliers d’adeptes aux Etats-Unis. A l’âge de douze ans, il contracta la poliomyélite. Dix mois plus tard, il entendit un médecin dire à ses parents : « Votre fils ne passera pas la nuit. »

Erickson entendit sa mère pleurer. « Qui sait ? Si je passe la nuit, peut-être ne souffrira-t-elle pas autant », pensa-t-il. Et il décida de ne pas dormir jusqu’au lever du jour. Le lendemain matin, il cria à sa mère : « Tu vois, je suis toujours en vie ! »

La joie fut si grande dans la maison qu’il décida de tenir bon de jour en jour afin de remettre à plus tard la souffrance de ses parents.

Il mourut en 1990, à l’âge de soixante-quinze ans, laissant un ensemble d’ouvrages essentiels sur l’extrême capacité que possède l’homme de dépasser ses propres limites.

DE TOUTES LES PUISSANTES ARMES de destruction que l’homme a été capable d’inventer, la plus terrible, et la plus lâche, est la parole.

Les poignards et les armes à feu laissent des traces de sang. Les bombes détruisent des édifices et des rues. Les poisons peuvent être détectés.

Le maître dit :

«La parole peut détruire sans laisser de trace. Des enfants sont conditionnés pendant des années par leurs parents, des hommes impitoyablement critiqués, des femmes systématiquement massacrées par les commentaires de leurs conjoints. Des fidèles sont maintenus loin de la religion par ceux qui se jugent capables d’interpréter la voix de Dieu.

« Veillez à ne pas utiliser cette arme. Veillez à ce qu’on n’utilise pas cette arme contre vous. »

UNE LEGENDE du désert raconte l’histoire d’un homme sur le point de changer d’oasis, qui chargeait ses bagages sur son chameau. Il empila les tapis, les ustensiles de cuisine, les malles de vêtements, et le chameau tint bon.

Au moment de partir, l’homme se souvint d’une belle plume bleue que son père lui avait offerte. Il décida de l’emporter elle aussi et la posa sur la monture. A cet instant, l’animal s’effondra sous le poids et mourut.

« Mon chameau n’a pas supporté le poids d’une plume », a sans doute pensé l’homme.

Parfois, nous disons la même chose de notre prochain, sans comprendre que notre plaisanterie a peut-être été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la souffrance.

 

 

 

  

LE MAITRE DIT :

« D’une part, nous savons qu’il est important de chercher Dieu. De l’autre, la vie nous éloigne de Lui. Nous nous sentons ignorés par la Divinité, ou bien nous sommes accaparés par notre quotidien. Il en résulte un sentiment de culpabilité : nous pensons soit que nous renonçons à la vie à cause de Dieu, soit que nous renonçons à Dieu à cause de la vie. Ce conflit apparent est une illusion : Dieu est dans la vie, et la vie est en Dieu. Il suffit d’en avoir conscience pour mieux comprendre le destin. Si nous parvenons à pénétrer dans l’harmonie sacrée de notre quotidien, nous serons toujours sur la bonne voie, et nous accomplirons notre tâche. »

 

LE MAITRE DIT :

« L’esprit de Dieu présent en nous peut être décrit comme un écran de cinéma. Diverses situations y sont présentées : des gens s’aiment, des gens se séparent, on découvre des trésors, on explore des pays lointains.

« Quel que soit le film projeté, l’écran demeure toujours le même. Peu importe que les larmes roulent ou que le sang coule, rien ne peut atteindre la blancheur de la toile.

« Tel l’écran de cinéma, Dieu est là, derrière tous les malheurs et toutes les extases de la vie. Nous Le verrons tous lorsque notre film se terminera. »

 « EXISTE-T-IL quelque chose de plus important que la prière ? » demanda le disciple à son maître.

Le maître lui indiqua un arbuste tout près de là et lui suggéra d’en couper une branche. L’autre obéit.

« L’arbre est-il toujours vivant ? interrogea le maître.

— Aussi vivant qu’avant, assura le disciple.

— Alors, retournez près de l’arbuste et coupez la racine.

— Mais si je fais cela, l’arbre va mourir.

— Les prières sont les branches de l’arbre, et sa racine s’appelle la foi, répliqua le maître. La foi peut exister sans la prière, mais la prière ne peut exister sans la foi. »

 

 

 

 

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commentaires

C
je me nomme corine âgée de 32 ans j'habite dans le 59139 wattignies . J'étais en relation avec mon homme il y a de cela 4 ans et tout allait bien entre nous deux puis à cause d'une autre femme il s'est séparé de moi depuis plus de 5 mois . J'avais pris par tout les moyens pour essayer de le récupéré mais hélas ! je n'ai fais que gaspiller mes sous.Mais par la grâce de dieu l'une de mes amies avait eut ce genre de problème et dont elle a eut satisfaction par le biais d'un ... nommé ishaou au premier abord lorsqu'elle m'avait parlé de ce puissant je croyais que c’était encore rien que des gaspillages et pour cela j'avais des doutes et ne savais m'engager ou pas. Mais au fur des jours vu ma situation elle insiste a ce que j'aille faire au moins la connaissance de ce puissant en question et c'est comme cela que je suis heureuse aujourd'hui en vous parlant.c'est à dire mon homme en question était revenu en une durée de 7jours tout en s'excusant et jusqu'à aujourd'hui et me suggéré a ce qu'on se marie le plus tot possible.je ne me plein même pas et nous nous aimons plus d'avantage. La bonne nouvelle est que actuellement je suis même enceinte de 2 mois. Sincèrement je n'arrive pas a y Croire a mes yeux qu'il existe encore des personnes aussi terrible , sérieux et honnête dans ce monde, et il me la ramené, c'est un miracle. Je ne sais pas de quelle magie il est doté mais tout s'est fait en moins d'une semaines.(pour tous vos petit problème de rupture amoureuses ou de divorce ,maladie ,la chance , les problèmes liés a votre personnes d'une manière, les maux de ventre, problème d'enfants, problème de blocage, attirance clientèle, problème du travail ou d'une autres) Vous pouvez le contacter sur: son adresse émail : maitreishaou@hotmail.com ou appelé le directement sur whatsapp numéro téléphone 00229 97 03 76 69 son site internet: www.grand-maitre-ishaou-13.webself.net
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